Ecrire "très vite" ne présente aucun intérêt si la vitesse d'inscription
dégrade à ce point l'écriture qu'elle en devient difficilement lisible.
L'exemple de copie avant/après de ce collégien
qui confondait vitesse et précipitation en témoigne.
Quel intérêt d'écrire "très vite" voire "trop vite" si les lettres ou les mots sont indéchiffrables ? Aucun pour l'élève qui ne réussit pas à relire ses cours et a donc plus de difficultés à apprendre ses leçons. Aucun non plus pour l'élève qui remet une évaluation promise à un abaissement de la note pour manque de soin. Ne parlons pas des étudiants qui passent examens ou concours et dont la copie risque, purement et simplement, de ne même pas être lue par les correcteurs.
Manque de coordination : accidents assurés !
Une écriture précipitée, c'est-à-dire trop rapide, résulte d'un manque de coordination dans le geste graphique. En effet, lorsque l'on écrit, la vitesse du bras qui glisse de gauche à droite, pour suivre la ligne, doit être adaptée à celle des mouvements des doigts, qui inscrivent les lettres de haut en bas. Et vice-versa. Si ce n'est pas le cas, des "accidents" peuvent survenir. Quelques exemples : tenue de ligne dansante, fluctuante voire cassée, lettres anguleuses, atrophiées, escamotées, ambiguës voire déformées, lettres finales acérées, changements brusques de direction ou de trajectoire, liaisons trop longues ou, au contraire, espaces trop serrés entre les lettres qui butent les unes contre les autres... rendent la lecture difficile voire, parfois, quasi impossible.
Un rythme à trouver
Plutôt que de vitesse ou de rapidité, c'est le rythme qui est en question, en réalité. Dans le geste d'écriture, si l'on compare :
- le déplacement du bras de gauche à droite (pour avancer le long de la ligne) à la vitesse d'exécution
- et le déliement digital (pour former et lier les lettres entre elles) au rythme d'inscription
> on imagine que si la synchronisation ne se fait pas, l'écriture va manquer de stabilité, se désorganiser voire se déstructurer.
Pour mieux le comprendre, prenons l'exemple d'un sportif dans une salle de fitness qui, sur un tapis de course, ne réussirait pas à caler sa foulée sur la vitesse de défilement du tapis. Gare à l'éjection ou à la chute !
Un geste à déconstruire
C'est pourquoi, afin d'éviter des accidents, sur le plan graphique, il est indispensable de déconstruire le geste, de se débarrasser de ses mauvaises habitudes et d'une progression par à-coups. Cela suppose de :
- ralentir, dans un premier temps, la vitesse d'exécution,
- revoir la posture globale, la tenue de crayon, la technique du geste graphique (allègement de l'appui, de la pression exercée sur le bureau, sur l'outil et sur la feuille),
- travailler sur le rythme d'inscription en veillant à ce qu'il reste régulier.
Imaginons un musicien, dans un concert, qui jouerait à contretemps ou un athlète qui fournirait un effort trop intense par rapport à ses capacités cardiaques. Dans le premier cas, l'on risquerait la cacophonie ; dans le deuxième, la tachycardie. Tout comme un geste graphique saccadé occasionnera, sans nul doute, des ruptures dans la trace écrite.
Ecrire comme on respire
Le rythme est à l'écriture ce que le tempo est à la musique, ce que la fréquence cardiaque est à la respiration. Pour s'offrir une écriture stable
et fluide, il est indispensable que le rythme de l'écriture reste constant. Et c'est le défi que cet élève de sixième a réussi à relever : accepter d'abaisser et de régulariser sa vitesse pour
mieux la maîtriser, la reconquérir... Ce collégien dont les scores étaient au-delà des normes, sur le plan de la rapidité, obtient désormais des résultats dans la norme haute, ce qui est
largement suffisant.
Ecrire pour être lu l'autorisera à obtenir de meilleures notes lors des évaluations,
des encouragements de la part de ses professeurs et de ses parents
ainsi qu'une meilleure confiance en ses capacités et une meilleure estime de lui-même.
